Revue

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L’emploi au péril de l’automatisation ?

Dans les débats consacrés à l’automatisation, la question de son influence sur le travail et l’emploi occupe une place majeure. On se souviendra des débats initiés en 2013 par les résultats contradictoires des travaux de C. Frey et M. Osborne d’une part, et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) d’autre part. La contradiction n’était d’ailleurs pas aussi nette que la presse s’en est fait l’écho : si les premiers annonçaient qu’environ 50 % des emplois actuels seraient touchés par l’automatisation d’une ou plusieurs des tâches qu’ils recouvraient, les experts de l’OCDE concluaient à moins de 10 % d’emplois menacés (ces chiffres ont d’ailleurs été revus en 2019 à environ 15 % pour la France par le même organisme).

Dans un article récent, David Autor et Anna Salomons s’intéressent à la notion de déplacement du travail (labor displacement) créé par les progrès technologiques (et en particulier par l’automatisation de la production), donc par une mobilisation accrue du capital : ces progrès permettent d’augmenter la productivité et de diminuer la part du travail humain dans la production. Ce déplacement du travail ne correspond pas automatiquement à une diminution du volume d’heures travaillées ni à une diminution des salaires, mais à une croissance plus faible du produit « nombre d’heures ...