Futuribles a abordé le thème de la robotique fin 2010 [1] et, dans son numéro 399 d’avril dernier, lui a consacré le tir groupé d’un éditorial et de trois articles.

C’est un sentiment d’urgence qui anime le présent article. En effet, la France est en train de rater le train de la robotisation et de la « virtualisation », comme elle avait pris avec retard celui des grappes d’innovations précédentes (vapeur et chemin de fer ; pétrole et automobile ; informatique et Internet). Serait-elle condamnée à n’exceller qu’au plan des idées, des Lumières aux droits de l’homme, de la cité radieuse à l’existentialisme ou au structuralisme ? La grande aventure du nucléaire, du Concorde, du TGV (train à grande vitesse), d’Ariane, se serait-elle refermée avec la parenthèse gaullienne ?
Le fait est que la France compte deux fois moins de robots industriels par salarié que l’Italie (qui vient de la dépasser dans le classement des nations industrielles), trois fois moins que l’Allemagne ou la Suisse, cinq à six fois moins que la Corée du Nord et le Japon ou les États-Unis. Et l’écart se creuse d’année en année. Le marché mondial de la robotique industrielle est dominé à 75 % par quatre grands ...