En février 2023, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) publiait cet article synthétique rappelant les différentes discriminations subies par les femmes dans les villes.
Tissolong Salomé, « Rendre la ville aux femmes », CNRS Le Journal, 6 février 2023.

Ces dernières s’étendent, en effet, bien au-delà des violences que connaissent les femmes dans les rues (harcèlements, agressions), mieux connues et étudiées aujourd’hui, et qui ont fait l’objet récemment de nombreuses campagnes de prévention de la part d’acteurs publics et privés. Car les villes ont été historiquement conçues par les hommes et pour les hommes, ces derniers détenant majoritairement le pouvoir décisionnel.



Campagne de sensibilisation au harcèlement de rue réalisée par Héroïnes 95 et le ministère français chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes en 2022.
Ainsi le mobilier urbain est-il, le plus souvent, à destination de la gent masculine. C’est particulièrement le cas des équipements sportifs (skate-parks, terrains de football), comme le rappelle le chercheur Yves Raibaud. Si ces sports se féminisent progressivement, ces lieux sont, en revanche, majoritairement occupés par des hommes. De même, la mise en application des principes d’une « ville durable » n’est pas toujours au bénéfice des femmes, si d’autres situations inégalitaires subies par ces dernières ne sont pas prises en compte en amont. Par exemple, le développement des pistes cyclables, voire l’interdiction de la voiture dans les centres-ville se fait au détriment des femmes, moins nombreuses à circuler en vélo, souvent pour des raisons pratiques : comment être cycliste lorsque l’on accompagne plusieurs enfants à l’école ou que l’on est en charge des courses pour toute une famille ?
Enfin, la ville est aussi masculine sur le plan symbolique : la grande majorité des noms de rue et de place étant attribuée à des hommes. Aujourd’hui à Paris, par exemple, seuls 12 % des noms de rue sont féminins — un chiffre qui ...