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Les matières premières minérales. Flambée spéculative ou pénurie durable ?

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 308, mai 2005

Depuis maintenant près de deux ans, la forte demande chinoise en matières premières fossiles et minérales fait régulièrement la une des journaux économiques en raison de son impact sur les cours de ces matériaux. Cependant, cette préoccupation des médias et d’une partie de l’opinion des pays développés est toute récente ainsi que le souligne ici Jacques Varet.
En effet, la tendance, sur longue période, était plutôt à un certain désintérêt pour les ressources en matières premières minérales : dématérialisation de l’économie et délocalisation des productions industrielles, le tout dans un contexte de stabilité des prix, avaient, semble-t-il, conduit les entreprises du secteur et les pouvoirs publics concernés à penser que les ressources minérales et minières ne risquaient pas de pénurie, et que la croissance économique nécessitait de moins en moins de ce type de ressources. Les récentes envolées des cours de certains métaux (comme le cuivre) sont venues comme un premier signal de la fragilité d’une telle analyse. Comme le montre Jacques Varet, le problème s’était déplacé vers les pays émergents et débouche aujourd’hui sur une réelle tension sur les ressources minérales et minières.
Chiffres et tableaux à l’appui, l’auteur souligne ici combien il serait erroné de penser que l’exploitation de ces ressources, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, est compatible avec un développement durable à long terme. Il déplore également que le secteur des matières premières minérales ait été délaissé par l’Union européenne et la France, et ne fasse plus l’objet d’investissements suffisants, au plan financier (pour l’exploration) comme dans le domaine de la recherche. Contrairement aux États-Unis ou même à la Chine, très présents et très actifs en la matière, l’Europe ne dispose plus des éléments d’analyse ni des outils de recherche de nouveaux gisements qui seraient nécessaires dans un tel contexte. Si elle ne remet pas cette question en tête de l’agenda politique, elle risque fort de se trouver à la traîne dans un secteur de nouveau très stratégique.

#Industrie minière #Matières premières