Oublions le titre – La Nouvelle Servitude volontaire – et intéressons-nous au sous-titre : Enquête sur le projet politique de la Silicon Valley. C’est lui qui contient la promesse de ce livre passionnant.
Ce projet politique mérite d’autant plus d’être enquêté qu’il n’a jamais été formulé. Il n’est même pas sûr que ses promoteurs – les dirigeants des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et autres majors du numérique – soient conscients de le porter, tant ils sont eux-mêmes fascinés par la puissance des outils qu’ils ont inventés, et convaincus de leur utilité planétaire.
C’est bien là que résident le piège et la difficulté de l’analyse. Dans un premier temps, les services numériques apparaissent presque toujours comme de puissants outils de liberté, et ce n’est que progressivement qu’ils se retournent contre leurs usagers pour devenir des liens de servitude. Au départ, Amazon favorise de façon indéniable l’accès de tous à tous les livres de la planète, d...