Stéphane Horel est une journaliste spécialisée dans l’étude du lobbying et de son impact sur la décision publique. Dans son dernier ouvrage, Intoxication, elle détaille la lutte d’influence autour des perturbateurs endocriniens.
L’intoxication, c’est celle que nous subissons du fait de l’action des perturbateurs endocriniens [1], un problème que la Commission européenne a pris en compte en 2006, lors de la révision des conditions de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, c’est-à-dire les pesticides. Cette révision, pilotée par la direction générale de l’Environnement (DG Environnement), est marquée par un changement fondamental : les produits en cause ne seront pas évalués en fonction du risque qu’ils font courir, mais en fonction de leur dangerosité intrinsèque. On parle de hazard based cut-off criteria, critères qui permettent au régulateur de prévenir les dommages plutôt qu’attendre qu’ils surviennent, même en l’absence de preuve formelle d’un risque.
Le processus de révision aboutit à la promulgation d’un « règlement Pesticides » en 2009, malgré l’opposition du Royaume-Uni. Ses conséquences sont incalculables, selon Stéphane Horel, car il affectera fatalement le fonctionnement du règlement REACH [2] adopté en 2007.
Mais le règlement Pesticides ne peut fonctionner sans que l’on sache de quoi l’on parle : d’où la mission confiée à une équipe animée par Andreas Kortenkamp, professeur de toxicologie humaine à l’université de Brunel (Londres), pionnier des étu...