Quand des technologies différentes entrent en synergie sur le terrain, elles peuvent créer assez de valeur pour provoquer une rupture. Bertrand Gille l’a montré à propos de la machine à vapeur, sans avoir besoin du franglais disruption [1]. C’est ce qui est en train de se vérifier s’agissant des rapprochements en cours entre l’intelligence artificielle (IA) et les réalités augmentée et virtuelle (RA, RV) qui pourraient notamment modifier la récente envolée des assistants numériques vocaux.
Ces assistants provoquent un engouement pour le commerce « conversationnel ». Selon Capgemini [2], sur 5 000 adultes interrogés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, un sur deux utilise les assistants vocaux, 81 % via leur smartphone pour le moment, grâce à Google Assistant, Alexa d’Amazon, Siri d’Apple. Un tiers effectuent ainsi des transactions, commandes de repas, de véhicules, payements en ligne… Capgemini prévoit que la commande vocale passera de 3 % des dépenses des personnes interrogées à 18 % dans trois ans. Mais cet essor des commandes vocales sur smartphone est en passe d’être enrayé par d’autres assistants vocaux, les enceintes connectées (Digital Voice Assistants, DVA) [3], lancées aux États-Unis par Amazon en 2014 et qui arrivent en France. Ces enceintes se résument à un micro recevant les demandes vocales, qui sont traitées par de l’IA hébergée sur l’Internet. Elles communiquent avec de plus en plus d’objets dans les logements, que l’on peut ainsi commander.
Les enceintes concurrencent les téléphones
Ces Echo d’Amazon [4], Google Home et HomePod d’Apple pourraient envahir notre quotidien [5]. Selon Canalys [6], ces smart speakers sont le segment à plus forte croissance des techniques de vente grand public, avec un doublement des ventes en un an au premier trimestre 2018 (voir tableau). Les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud et la Grande-Bretagn...