États-Unis : l’influence des intégristes
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 389, oct. 2012
Le 6 novembre prochain, les Américains seront appelés aux urnes pour désigner leur prochain président, qui prendra ses fonctions à la tête des États-Unis début 2013. Comme de coutume, tout se jouera entre les candidats des deux grands partis, le président sortant Barack Obama, démocrate, et le républicain Mitt Romney. Néanmoins, ces dernières années ont aussi vu l’émergence d’un mouvement (portant le nom de parti quoiqu’il n’en soit pas un), qui a radicalisé à l’extrême le parti républicain et dont est très proche Paul Ryan, le colistier de Mitt Romney : le Tea Party. S’y côtoient intégristes religieux, jeunes sans emploi, retraités ruinés par la crise, nostalgiques d’une Amérique toute-puissante…, tous partisans d’un changement radical de pouvoir, abolissant l’essentiel du secteur public au profit du privé.
Nicole Morgan s’est penchée sur ce mouvement et l’idéologie qui le porte dans un ouvrage tout frais sorti aux éditions du Seuil : Haine froide, dans lequel elle livre les clefs de cette « machine à penser » qui s’est construite sur un demi-siècle, avec ses intellectuels et ses best-sellers, ses prix Nobel, ses alliances sulfureuses et ses puissants qui habitent finalement un autre monde (où ne vit qu’un pour-cent de la population mondiale). Et si cette idéologie s’est formée et s’implante aux États-Unis, sa vocation universelle en fait un sujet essentiel pour l’avenir de tous les États-nations modernes. Comme le montre cet extrait de l’ouvrage de Nicole Morgan, elle repose sur des postulats simplistes qu’elle transforme en vérités irréfutables, sur fond d’ultralibéralisme économique. Comme les idéologies dures, elle véhicule des émotions fortes qui puisent dans l’inconscient collectif, haine et peur en tête. La haine (pour le moment « froide ») la sous-tend, selon l’auteur, le chiffre l’aseptise, l’incompétence la qualifie. La vigilance est donc de mise.