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Un fantasme américain : la démocratie au Grand Moyen-Orient

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 302, novembre 2004

Ce mois de novembre 2004 va se tenir l’élection présidentielle aux États-Unis, dans un contexte international dominé par l’enlisement de la coalition qu’ils dirigent sur le sol irakien. Pratiquement partout dans le monde, le président sortant, George W. Bush, rassemble la grande majorité des opinions publiques contre lui. Principal grief à son égard : l’attitude  » messianique  » par laquelle le pays tente d’imposer sa vision du monde et des relations internationales. Révélatrice de cette vision, l' » Initiative pour un Grand Moyen-Orient  » lancée lors de la réunion du G8, en juin dernier, se présente comme le fer de lance des ambitions américaines dans la région.
Jean-Jacques Salomon a étudié, pour les lecteurs de Futuribles, la genèse et les dessous de ce  » grand projet  » : il nous montre les principaux acteurs et inspirateurs de la politique étrangère menée par l’équipe Bush Jr (néoconservateurs, lobby pétrolier, lobbies religieux, liens avec le Likoud israélien), leurs convictions idéologiques, la manière dont ils entendent les mettre en oeuvre (en particulier le state building) et la cascade de réformes qui pourraient en résulter. Bien évidemment, ce  » fantasme américain  » d’une démocratie à l’occidentale dans une région aussi hétérogène n’est guère réaliste actuellement.
Il n’empêche que la nécessité de réformes radicales dans le monde arabo-musulman, comme le souligne Jean-Jacques Salomon, est de plus en plus formellement reconnue et proclamée par un grand nombre de commentateurs arabes. Mais la modernisation au prix de l’occidentalisation serait-elle un prix trop cher payé ?
Quant au résultat de l’élection présidentielle américaine, ne nous leurrons pas : l’arrivée éventuelle d’une équipe démocrate n’entraînera pas nécessairement de tournant radical dans la politique étrangère des États-Unis. Certes, elle devrait conduire à une prise en compte plus respectueuse de leurs alliés et partenaires, mais le messianisme ne disparaîtra probablement pas pour autant.

#États-Unis #Moyen-Orient #Politique étrangère #Relations internationales