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Précaution et démocratie. Brève histoire du Collège de la prévention des risques technologiques

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 311, septembre 2005

Étrange pays que la France où l’État prétend incarner à lui seul et de manière exclusive tout ce qui relève du bien commun, se révèle, en conséquence, incapable de tolérer qu’il puisse exister des instances indépendantes qui soient des lieux propices à l’exercice d’un débat risquant de remettre en cause le bien-fondé des choix publics. Jean-Jacques Salomon, s’appuyant ici sur son expérience en qualité de président du Collège de la prévention des risques technologiques (CPRT), créé à l’initiative de Michel Rocard lorsqu’il était Premier ministre, en apporte ici, une fois de plus, le témoignage.
Rappelant tout d’abord ce qu’il convient d’entendre par le principe de précaution, trop souvent accusé de paralyser l’esprit indispensable d’invention et d’innovation, l’auteur souligne combien il est important de disposer d’instances indépendantes capables de délibérer sur les progrès des sciences et des techniques dont les usages, comme on le sait bien, sont de plus en plus ambivalents, peuvent déboucher sur les meilleurs comme sur les pires des usages. Mais ces instances, affirme l’ancien président du CPRT, hétérodoxes dans le paysage politico-institutionnel français, sont aux yeux des dirigeants aussitôt suspectées de vouloir contrarier les projets formés par les grands corps.
Après avoir expliqué comment fonctionnait le CPRT, Jean-Jacques Salomon illustre son propos par quelques exemples particulièrement saisissants, montre comment ce fameux Collège finalement s’est vu dissous. Au-delà du cas particulier qu’il décrit, l’auteur manifestement met ici en évidence l’excessive prétention de la puissance publique française à vouloir tout diriger sans souffrir la moindre contestation ni même que ses choix soient soumis à un débat démocratique pourtant ô combien nécessaire.

#Démocratie #Risques