En s’appuyant sur les enquêtes sur les emplois du temps réalisées en France, Alain Chenu caractérise les grandes tendances d’évolution dans l’usage du temps de la population urbaine française âgée de 18 à 64 ans, telles qu’elles se dégagent au cours de la période 1974-1999.
Il montre, en substance, que si le temps consacré à la satisfaction des besoins physiologiques absorbe la moitié de la journée, l’autre moitié est consacrée au travail (professionnel et scolaire) – dont la durée a sensiblement diminué, notamment entre 1974 et 1986 – et aux loisirs – dont la durée tend à augmenter. Mais, souligne l’auteur, une différence nette apparaît entre les sexes qui, toutefois, tend à s’estomper : en 1974, les femmes fournissaient trois fois plus de travail domestique que les hommes, en 1998, elles en produisent un peu moins du double ; en 1974, les hommes fournissaient 80 % de travail professionnel de plus que les femmes, en 1998, cet excédent n’est plus que de 50 %.
L’auteur, se référant ensuite à une nomenclature d’activités plus détaillée, décrit les changements majeurs observés : déclin du temps passé à la couture, à la toilette, à la cuisine et aux soins consacrés aux enfants… Croissance, en revanche, du temps passé au bricolage, au jardinage, aux courses avec, encore, de sensibles différences entre les hommes et les femmes.
Finalement, l’auteur nous montre comment varie l’emploi du temps des Français en fonction de leur niveau d’éducation et de leur revenu. De cette analyse se dégage une distinction assez nette entre les actifs très qualifiés qui travaillent de plus en plus et les personnes peu qualifiées disposant de davantage de temps libre, essentiellement consacré à des loisirs peu onéreux, tels que de regarder la télévision.
Les usages du temps en France
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 285, avr. 2003