La Chine est devenue en un laps de temps assez court un acteur prépondérant de l’économie mondiale. En 30 ans, ce pays est en effet passé d’un état où la paysannerie était prédominante au rang de puissance économique de premier plan. Selon les projections réalisées par différentes institutions internationales et par des économistes, la Chine devrait être la première économie du monde d’ici à 2030 ou 2050. Selon le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), le poids de cette économie dans le produit intérieur brut (PIB) mondial était en 2010 de 10 %, il pourrait avoisiner les 21 % en 2030 et les 33 % en 2050.
Les performances de la Chine ne doivent toutefois pas masquer ses fragilités, à commencer par celles relevant de l’agriculture et de l’approvisionnement alimentaire de la population. Certes, la Chine est souvent qualifiée à la fois d’« usine du monde » et de « créancier de la planète », mais elle se distingue par une vulnérabilité réelle en matière d’agriculture, point qui est trop souvent sous-estimé, voire pas du tout traité [1]. Plusieurs observateurs ont bien souligné que l’industrialisation accélérée de la Chine supposait un processus de sécurisation des approvisionnements en matières premières à usage industriel ou énergétique, sans que les produits agricoles n’entrent davantage dans le raisonnement. Or cette configuration constitue une contrainte dont l’importance doit être mise au jour dans la mesure où elle pose la question de la sécurité alimentaire. Celle-ci est appréciée sous l’angle de l’autosuffisance en grains, et plus particulièrement en céréales. En 1996, le gouvernement chinois a fixé à 95 % d’autosuffisance en grains, le seuil à ne pas dépasser. Or l’alimentation chinoise est prise en étau entre une demande en hausse constante et diversifiée, et des terres cultivées en recul.
L’objet de cet article est de mettre en exergue cette vulnérabilité de la Chine dans le domaine agricole, en prenant appui sur la question de la disponibilité des terres.
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[1] Bergère Marie-Claire, Chine, le nouveau capitalisme d’État, Paris : Fayard, 2013 ; et Meyer Claude, La Chine, banquier du monde, Paris : Fayard, 2014.