Comprendre « les origines du populisme » passe par l’analyse des interactions entre des facteurs à la fois économiques, sociaux, culturels. Yann Algan et Elizabeth Beasley, Daniel Cohen, Martial Foucault le démontrent en s’appuyant sur une vaste documentation mais pas, et on peut le regretter, sur l’European Values Study. Ils réservent l’appellation « populiste » aux mouvements antisystèmes d’extrême droite, ceux d’extrême gauche étant qualifiés de « gauche radicale ». L’un des facteurs économiques majeurs serait « la détérioration des conditions d’existence des classes moyennes et populaires, frappées par l’insécurité économique et le creusement des inégalités ». La crise économique a provoqué « une très forte colère à l’égard des partis traditionnels […] incapables de protéger les classes populaires des dérèglements du capitalisme contemporain ». La crise financière de 2008 a augmenté le chômage mais « c’est surtout la variation du taux de chômage et non son niveau absolu » qui a influencé les votes antisystèmes, y compris pour le Brexit.
Montée des méfiances envers les politiques
Des facteurs culturels seraient clivants. Les populistes sont partout hostiles aux immigrés, par xénophobie plus que par crainte d’une concurrence pour l’emploi, crainte qui aurait peu de poids, selon les auteurs, dans les pays scandinaves où l’immigration reste modérée. La tolérance, qui progressait en Europe depuis deux décennies, est mise à mal par la poussée des populistes. Ceux-ci, plus xénophobes...