Comment les jeunes Français perçoivent-ils les enjeux environnementaux et dans quelle mesure leurs préoccupations se traduisent-elles dans leurs comportements ? Comme dans toute approche générationnelle, cette question doit être adressée avec discernement, afin d’éviter les caricatures.
Plusieurs enquêtes publiées récemment insistent notamment sur le décalage entre une prise de conscience massive des dégradations environnementales, et des comportements encore largement tournés vers l’hyperconsommation. Ce décalage peut s’expliquer par trois facteurs principaux : le fatalisme des jeunes générations par rapport aux enjeux environnementaux, l’existence d’autres préoccupations, ainsi que leur manque d’informations sur les changements de comportements qu’ils pourraient opérer.
Des jeunes Français conscients des enjeux environnementaux, mais particulièrement fatalistes
Selon une enquête réalisée en 2023 par l’ADEME (Agence de la transition écologique), près de 80 % des 15-25 ans déclarent accorder plus d’importance aux sujets environnementaux que leur entourage. Ils considèrent majoritairement que « le monde va mal », car marqué par une succession de crises sans fin et sans perspective d’amélioration. En cause selon eux : la surconsommation et la surproduction, mais aussi la nature avide et égoïste de l’humain. En conséquence, une majorité de jeunes interrogés estiment qu’il « est déjà trop tard pour limiter le changement climatique avant qu’il n’entraîne des effets dévastateurs, ou considèrent qu’ils n’ont aucun poids dans la lutte climatique ». Les trois quarts des jeunes jugent aussi la génération de leurs parents responsable de la situation actuelle.
Selon une autre enquête menée par l’Ifop pour la Fondation de France, la moitié des 18-25 ans se disent inquiets pour les générations futures, près d’un tiers ont le sentiment « qu’il est trop tard, on ne peut rien faire » et près d’un quart n’ont « pas le sentiment de pouvoir agir efficacement ». Cette perception d’un avenir très sombre ressort fréquemment dans les discours des jeunes Français : ainsi, dans une enquête réalisée en 2021, les trois quarts des jeunes interrogés considèrent l’avenir comme « effrayant » à cause du réchauffement climatique.
Selon une autre enquête réalisée par Opsio et la plate-forme Backmarket auprès d’étudiants d’écoles parisiennes, ce fatalisme peut conduire une partie des jeunes à se détacher complètement des problématiques environnementales. Parmi les motivations invoquées : de nouveau le sentiment que « c’est déjà trop tard », mais aussi que « ça rend la vie trop compliquée » ou l’idée qu’ils ne pourront pas changer les choses à leur échelle.
Sentiment d’impuissa...