Venant d’un mouvement, Oxfam, dont le but affiché est de lutter contre la faim et la pauvreté dans le monde, mais dont quelques-unes des 20 associations membres rêvent aussi de faire table rase du passé pour mettre en place « une autre économie » ou « une autre société », on pouvait s’attendre à une pesante diatribe de 400 pages, bourrée de lieux communs. Or cet ouvrage est pondéré, agréable à lire et bien documenté (pas moins de 15 pages de bibliographie !).
Kate Raworth mérite un coup de chapeau pour avoir commencé, avant de se lancer dans la bataille, par se donner une solide culture générale et économique (bachelor en politique, philosophie et économie, université d’Oxford, 1993 ; et master en économie du développement, université d’Oxford, 1994). Après quatre ans de théorie, elle s’est accordé une expérience de terrain de trois ans, à Zanzibar, avec des entrepreneurs aux pieds nus, puis a rejoint à New York l’équipe des Nations unies chargée de rédiger, chaque année, le Rapport sur le développement humain. Quatre ans passés dans cet observatoire du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) lui ont donné une vue d’ensemble des problèmes de la planète et de la façon dont se comportent les gouvernants quand ils négocient hors de la vue des citoyens. Cédant enfin à sa vocation initiale, elle est allée travail...