Dans son article, Claude Béraud dresse d’abord un panorama critique de la dynamique de l’offre et de la demande de soins. Il analyse ensuite le contenu de la réforme introduite en 1995. Enfin, il évalue les effets possibles de cette réforme et, suivant l’accueil que lui réserveront les professionnels de la santé, les évolutions possibles à moyen et à long terme.
Le panorama critique est sans complaisance. La France n’a pas de système de soins. Celui-ci s’est développé au sein d’un modèle biomédical qui, les progrès de la science et de la technologie aidant, est marqué par une surenchère de l’offre et de la demande, inefficace, inefficiente et collectivement suicidaire, parce qu’elle se développe sous l’impulsion d’intérêts privés (des malades, des professionnels de la santé) au mépris total de l’intérêt collectif. Cette irresponsabilité collective permettant aux acteurs de « dépenser sans compter » a conduit à une démographie médicale galopante, inadaptée, inorganisée avec pour effet une croissance très rapide des dépenses sans progrès corrélatif en matière de santé.
La réforme introduite en 1995 vise à remédier à l’aggravation du déficit de l’assurance maladie grâce à de nouveaux financements et surtout à une maîtrise des dépenses passant, d’une part, par l’instauration d’un système de soins plus cohérent et performant et, d’autre part, par la mise en place de dispositifs d’évaluation et de contrôle.
Mais le succès de cette réforme dépendra, souligne Claude Béraud, de l’accueil que lui réserveront les professionnels de la santé : s’ils jouent le jeu, cette réforme pourrait contribuer à l’établissement d’un système de soins plus performant au service des malades et de la collectivité nationale. À défaut, la réforme échouera et nous serons conduits vers une médecine libérale à deux vitesses ou contraints de nationaliser le système de soins…
La France à la recherche d'un système de soins
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 215, décembre 1996