La France connaît depuis un peu plus de cinq ans une forte hausse des prix de l’immobilier qui tend aujourd’hui à exclure de plus en plus de jeunes couples et de ménages des classes moyennes de l’accession à la propriété, voire conduit de plus en plus d’habitants à vivre des situations de logement » subi » (et non choisi). La crise quantitative du logement qui sévit en France s’explique, selon Jean-Paul Lacaze, par quatre facteurs : les insuffisances des pouvoirs publics en matière de production de terrains à bâtir, l’accélération imprévisible de la baisse de la taille moyenne des ménages, le refus des décideurs d’organiser l’expansion de l’habitat individuel en périphérie des villes, et enfin les » dévoiements » de la prospective territoriale ayant abouti au développement d’un urbanisme » malthusien » (sous-estimation de la croissance démographique des grands bassins d’habitat).
L’auteur présente ici, dans le détail, ces différents facteurs et les conséquences de leur conjonction sur la situation du logement en France. Il insiste en particulier sur le cas emblématique de l’Île-de-France et de la façade méditerranéenne, et appelle à un véritable effort de prospective en matière de logement car, dit-il, même en doublant le rythme de production de logements, dans le bassin d’habitat autour de Paris, il faudrait 10 à 15 ans pour revenir à une situation normale (exempte de tensions sur l’immobilier). Un tel effort suppose la mobilisation d’une équipe permanente spécialement en charge de la question du logement à moyen-long terme, dans l’administration centrale française, qui fait actuellement défaut.
La crise du logement en France. Les raisons de l'insuffisance quantitative de logements
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 317, mars 2006