Bertrand Badie a toujours été partisan d’une approche sociologique des relations internationales. En 2010, déjà, il proclamait : « le monde est entré dans l’ère des relations inter-sociales ». Aujourd’hui, dans son dernier livre Inter-socialités, il revient à la charge et démontre comment les dynamiques sociales, de plus en plus proactives et intensives, conditionnent le jeu international et défient la puissance étatique. La crise sanitaire, puis économique et sociale, provoquée par la circulation mondiale d’un virus mortel semble être là pour nous en convaincre.
C’est toute une conception géopolitique des relations internationales qui s’effondre : l’État, dans sa triple dimension politique, territoriale et souveraine, n’est plus l’élément structurant de la scène internationale. L’inter-socialité « lézarde l’ordre ancien », sans pour autant en proposer un nouveau. Comment redonner un statut international au social, pour pouvoir réguler et coordonner ses actions, mais aussi répondre à ses besoins ?
L’inter-social a toujours été présent dans l’histoire des relations internationales : échanges marchands, prosélytisme, relations politiques, affirm...