Le discours de Vladimir Poutine du 21 février 2023 a marqué le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dans la lignée de celui prononcé sur la place Rouge le 30 septembre 2022, il souligne la dimension internationale donnée à ce conflit par le président russe, qui l’inscrit ouvertement dans le prolongement de plusieurs décennies d’affrontements avec l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord). De leur côté, les alliés occidentaux se refusent à réduire leur soutien à l’Ukraine, qui « ne doit pas perdre ».
Les contre-attaques lancées par l’Ukraine à la fin de l’été 2022 dans le Donbass avaient déjà constitué un des tournants du conflit avec la Russie, marquant un nouveau revers majeur de l’armée russe. La mobilisation militaire accrue de la population annoncée fin septembre 2022 par Vladimir Poutine et l’annexion de quatre régions de l’est de l’Ukraine concluent cette séquence et en ouvrent une autre, particulièrement incertaine et risquée. Ni la Russie ni le bloc ukrainien n’ont défini précisément ce que pourraient être, pour eux, une défaite ou une victoire acceptable, en dehors des objectifs maximalistes de conquête ou préservation totale de la souveraineté territoriale ukrainienne. Les fronts sont aujourd’hui stabilisés en raison de l’hiver et de l’équilibre des forces. Mais le printemps pourra participer d’une nouvelle escalade sur le terrain. Son ampleur reste difficile à cerner alors même que la menace nucléaire plane toujours sur le conflit.
Dans ce contexte instable, quelles sont les trajectoires envisageables pour cette guerre à l’horizon 2025 ? Cette question nécessite d’étudier plusieurs variables clefs, pour lesquelles les incertitudes sont tout aussi fortes : la capacité de l’armée russe à rééquilibrer la situation sur le terrain par la mobilisation de sa population, les conditions du maintien de Vladimir Poutine au pouvoir, la persistance du soutien occidental face au risque d’escalade, aux tensions sur les stocks militaires ou encore à la dégradation du contexte socio-économique. L’évolution de la position chinoise et le potentiel renversement de la position de pays non alignés comme la Turquie, l’Inde et Israël constituent également des variables majeures.
Cette note s’inscrit dans le prolongement des travaux conduits par Futuribles dès le début de la guerre (cf. table ronde du 11 mars 2022). Elle a pour ambition de mettre à jour les messages clefs établis dès juillet 2022, qui étudient en détail les variables les plus cruciales, et les scénarios d’évolution du conflit qui en découlent, publiés l’été dernier.
Elle cherche ainsi à proposer une grille de lecture précise de ce conflit, en le définissant mais aussi en interrogeant les conditions préalables à une paix durable, en étudiant les prises de position des différentes parties prenantes, et en traçant les conséquences géopolitiques et géoéconomiques plus globales du conflit (messages clefs, partie 1). Au regard des nombreuses incertitudes, cette réflexion prospective se cantonne à un horizon temporel court (+ deux ans), mais les scénarios proposés cherchent à couvrir l’ensemble du champ des possibles (partie 2) afin d’outiller la prise de décision, des acteurs tant publics que privés.
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