En France, l’espérance de vie à la naissance atteint 85,3 ans pour les femmes et 79,4 ans pour les hommes en 2022, selon l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques). Mais toutes ces années de vie ne se valent pas. Tous les ans, le ministère des Solidarités réalise une enquête auprès de la population et demande aux personnes interrogées si elles sont limitées dans leurs activités depuis au moins six mois par un problème de santé. Les résultats de cette enquête permettent de calculer l’espérance de vie sans incapacité [1]. L’espérance de vie sans incapacité forte [2] à la naissance est inférieure à l’espérance de vie à la naissance : de six années et sept mois pour les femmes et cinq années pour les hommes. La différence entre l’espérance de vie totale et l’espérance de vie sans incapacité peut s’interpréter comme la durée de vie en mauvaise santé.
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Espérance de vie à la naissance sans incapacité forte, en années

Source : DREES.
L’utilisation des différents concepts d’espérance de vie doit se faire avec beaucoup de prudence, mais c’est malheureusement rarement le cas. Premièrement, l’espérance de vie à la naissance et l’espérance de vie sans incapacité sont souvent confondues dans le débat public. La première est calculée à partir de l’âge moyen des décès constatés sur une année donnée, la deuxième résulte de déclarations individuelles traduisant un ressenti. Deuxièmement, on oublie souvent que l’espérance de vie est un calcul théorique, à partir des taux de mortalité de l’année concernée. Autrement dit, l’espérance de vie d’un bébé né en 2022 correspond en réalité à l’âge moyen auquel il pourrait décéder, s’il connaissait les conditions de mortalité des personnes effectivement décédées en 2022.
On peut dire par exemple que « dans les conditions du moment », si l’âge légal de départ à la retraite était fixé à 64 ans, les hommes pourr...