Entre 2014 et 2015, l’espérance de vie a diminué dans 12 pays à revenu élevé, principalement aux États-Unis, mais également en France, en Allemagne ou en Italie. Une baisse simultanée de l’espérance de vie n’avait pas été enregistrée dans un nombre aussi élevé de pays depuis 1980. Elle donne donc lieu à de nombreux débats parmi les démographes quant à son interprétation, débats dont Futuribles a déjà rendu compte [1]. Au cœur de ces débats, une controverse : l’espérance de vie des humains va-t-elle continuer à croître indéfiniment, même si elle peut être temporairement ralentie par des facteurs conjoncturels (épidémies), ou pourrait-on bientôt atteindre un seuil, d’ordre génétique ? Deux nouvelles publications dans le British Medical Journal viennent apporter des éléments d’analyse complémentaire.
La première, portant sur les États-Unis, tend à montrer que la diminution de l’espérance de vie pourrait constituer une tendance structurelle et, de ce fait, particulièrement inquiétante. La deuxième, au contraire, tend à relativiser la baisse enregistrée dans les pays européens, même si des incertitudes demeurent pour l’avenir.
Aux États-Unis, l’espérance de vie a stagné à partir de 2012, avant de diminuer à partir de 2015. Or, ce phénomène s’explique en grande partie par une hausse de la mortalité des Américains blancs de 25-64 ans, de 5 % entre 1999 et 2016. Sur les 20 causes de mortalité répertoriées, 13 sont en hausse. Sachant que, pour les sept causes restantes, quatre concernent un nombre trop faible de décès pour être exploitées, et que les trois causes qui sont en baisse concernent aussi un petit...