Il est fréquent d’entendre dénoncer le fait que les performances scientifiques de la France sont satisfaisantes mais que leurs retombées économiques sont médiocres, que ce pays souffrirait d’une incapacité particulière à passer de l’idée à l’action. Tel est, par exemple, le diagnostic établi par Henri Guillaume dans son rapport La Technologie et l’innovation, paru en 1998, handicap déjà relevé par l’OCDE en 1978 et, à nouveau, en 1986 dans son ouvrage La Politique d’innovation en France (Paris : OCDE, 384 p.).
Pascal Byé et Robert Magnaval (décédé en août 1999) expliquent cependant ici que le lien entre la recherche et le développement est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine habituellement, que les rapports de causalité ne sauraient être considérés de manière aussi directe et univoque, qu’en outre, la recherche scientifique et le développement industriel n’évoluent point au même rythme et suivant des lois aussi simples.
Ils montrent en particulier que, s’agissant de la diffusion et de l’application de la recherche publique, et a fortiori privée, interviennent des facteurs liés à la dynamique des organisations et des marchés. Et que, plutôt que de dénoncer indéfiniment le même paradoxe, il conviendrait sans doute d’appréhender autrement, dans sa logique propre, le processus d’innovation.
Entre recherche et développement... À propos du rapport Guillaume sur la nature du " paradoxe " entre production scientifique et performances économiques
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 255, juillet-août 2000