Le 10 janvier 2023 s’est tenue une des réunions virtuelles régulières du Public Sector Foresight Network (PSFN), une association anglophone ayant pour mission de promouvoir la prospective et ses pratiques en rassemblant des acteurs intéressés du monde entier. Futuribles y a assisté pour vous.
Cette réunion organisée par Clem Bezold, coordinateur du réseau, réunissait Imran Arshad, directeur de l’organisme de prospective Policy Horizons Canada, et Eric Popiel, responsable du projet « Futur de long terme » au sein du Bureau fédéral américain de management du personnel et animateur de la communauté de prospective des institutions fédérales américaines. Tous deux ont exposé les travaux qu’ils réalisent pour les pouvoirs publics de leur pays.
Ainsi Imran Ashad a-t-il commencé par rappeler que Policy Horizons Canada est une organisation fédérale en charge de la prospective. Elle a, à ce titre, pour objectif d’aider le gouvernement canadien à concevoir des politiques et des programmes politiques robustes et résilients, qui intègrent des enjeux de long terme et permettent au pays de se préparer aux transformations à venir. Pour ce faire, Policy Horizons s’appuie sur 35 salariés qui, ensemble, produisent des travaux de recherche sur des sujets variés, animent un réseau de réflexions et de discussions avec les citoyens et les fonctionnaires, et participent à développer l’acculturation à la prospective au sein des institutions fédérales, notamment grâce à l’organisation de formations sur les méthodes. Parmi les thématiques explorées par Imran Ashad et ses collègues, nous retrouvons des sujets communs à ceux de Futuribles (Foresight on Covid-19, Future of Work), dont certains ont pu être traités dans les Rapports Vigie de l’association (Future Lives, Exploring Social Futures), mais aussi des enjeux plus émergents (Biodigital Convergence). L’ensemble de ces rapports est disponible en accès libre, en français et en anglais, sur le site de Policy Horizons. Très concrètement, ces travaux permettent ensuite d’orienter l’action publique. Future Lives, par exemple, a permis d’identifier six champs de transformation dans les parcours de vie des individus (un accès plus important à l’éducation, des temps de vie plus longs avec un rapport au travail, à la reproduction, aux soins qui évolue, etc.) qui exigent des réformes législatives et de nouvelles politiques publiques pour mieux accompagner et protéger les personnes.
Eric Popiel, de son côté, porte à lui seul la prospective au sein du Bureau américain de management du personnel. Mais il a la double mission de développer d’une part les approches de long terme dans la gestion des ressources humaines des agences fédérales américaines, d’autre part le dialogue interinstitutionnel autour des questions de prospective. Il a donc présenté les travaux de prospective qu’il a pilotés sur l’avenir du travail et de la main-d’œuvre. Il a aussi proposé une typologie des pratiques de la prospective au sein des organes gouvernementaux tels que le Center for Disease Control, historiquement et par nature intéressé par les enjeux de court, moyen et long termes, mais aussi par le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH ; équivalent de l’INRS, Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, en France), par les Peace Corps, ou encore par l’Environmental Protection Agency.
Cette session de discussion s’est conclue par un rapide échange avec les participants qui a permis de souligner l’importance de développer le dialogue entre acteurs de la prospective, l’urgence de plus en plus pressante de mieux intégrer les pratiques de prospective dans les instances publiques nationales comme locales, la nécessité, enfin, de développer à l’avenir des outils d’évaluation des effets des approches prospectives afin d’en démontrer l’utilité et l’importance auprès des décideurs.
Le compte rendu détaillé de cette séance est accessible sur le site du PSFN.