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Prospective du système alimentaire et de son empreinte énergétique et carbone

Analyse de rapport

Ce projet de recherche SISAE, pour Simulation prospective du système alimentaire et de son empreinte carbone, mobilisant différents centres d’expertise — CNRS (Centre national de la recherche scientifique), CIRED (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement), INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), Solagro… —, a publié les résultats très denses de cinq visions vers la neutralité carbone de l’alimentation en France, en complément d’un scénario tendanciel. Cinq de ces visions ont été élaborées conjointement avec l’exercice « Transition(s) 2050 » de l’ADEME (Agence de la transition écologique), le sixième scénario est représentatif du scénario de la deuxième Stratégie nationale bas-carbone (SNBC2, 2019) du ministère de la Transition écologique.

Barbier Carine et alii, Prospective du système alimentaire et de son empreinte énergétique et carbone. Cinq visions de l’alimentation en France vers la neutralité carbone en 2050, CNRS, CIRED, INRAE, Solagro et alii, juin 2022, 96 p.

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Le sujet est d’importance car l’alimentation représente 25 % de l’empreinte carbone de ménages. Il est complexe puisqu’il s’agit d’agréger les émissions énergétiques et d’équivalent carbone de l’agriculture et l’élevage, des industries agroalimentaires, des transports internationaux et intérieurs, de la distribution alimentaire, la restauration et la consommation au domicile des ménages.

Tous les scénarios sont basés sur la même hypothèse démographique pour la France, celle de fécondité basse de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), 69,7 millions d’habitants en 2050 contre 65,6 millions aujourd’hui. Les pertes et gaspillages alimentaires sont divisés par deux, sauf dans le scénario tendanciel où ils ne sont réduits que de 30 %. La demande de produits alimentaires est en baisse dans tous les scénarios. Les assemblages de six régimes alimentaires sont utilisés pour modéliser la demande : trois régimes omnivores, un régime végétarien, un régime pescitarien [1] et un régime vegan. Pour limiter les émissions des postes agricoles et transport, il a été imposé au modèle de réduire la consommation de produits animaux, prioritairement la viande de ruminant, et de substituer partiellement les fruits tropicaux par des fruits produits en France métropolitaine, plus ou moins selon les scénarios.

En d’autres termes, tous les scénarios, y compris le tendanciel, ont vocation à réduire la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble de la filière alimentaire. Néanmoins, aucun n’atteint la neutralité carbone. Comme le montre le schéma ci-dessous les émissions agricoles nationales, émissions de gaz à effet de serre les plus importantes de toute la filière alimentaire, ne baissent que dan...