Dès l’aube du XIXe siècle, les États ont multiplié les dispositifs de contrôle économique et social, tandis que se développaient les outils de la statistique. La confluence des deux courants allait permettre de renforcer le pouvoir centralisateur et de repérer, dans la société, des régularités remarquables, permettant de mieux comprendre et gérer les phénomènes sociaux. À cette symbiose, on peut attribuer des succès (Pablo Jensen cite l’État-providence et la planification française des Trente Glorieuses), mais aussi des abominations telles que la collectivisation forcée dans divers pays. Ce que l’auteur qualifie de « haut modernisme » a décliné à partir des années 1970, la complexification de l’économie rendant la planification plus difficile et l’élévation du niveau d’éducation favorisant un individualisme capable de s’opposer aux projets étatiques.
Les impacts négatifs de la société industrielle sur l’environnement, la multiplication des crises économiques et financières, l’indiscipline revendiquée des réseaux sociaux, contraignent la science à découvrir le monde tel qu’il est, infiniment plus complexe, plus réactif et plastique qu’on le pensait. Le rêve technocratique du contrôle total n’a pas disparu pour autant, comme l’atteste le phara...