En matière climatique, la Chine cumule les paradoxes. En 2020, Xi Jinping annonçait la volonté du pays d’atteindre la neutralité en matière de CO2 en 2060, suscitant de l’espoir au sein de la communauté internationale et donnant au pays l’image de grande puissance responsable prenant en charge la question climatique avec le sérieux nécessaire. Certes, la période a vu se multiplier des annonces similaires, mais le statut de premier consommateur mondial de charbon a donné à la déclaration de Xi Jinping une dimension particulière. L’ambition de cet objectif contraste avec le niveau d’émission de gaz à effet de serre (GES) du pays, au plus haut, et avec les investissements massifs dans des actifs très carbonés, en Chine mais aussi sur les nouvelles routes de la soie. Au-delà des discours sur l’édification d’une civilisation écologique, les intentions du parti communiste chinois (PCC) sont difficiles à saisir, les signaux positifs côtoyant les signaux négatifs. Il est donc particulièrement ardu de comprendre les véritables objectifs politiques des autorités, d’autant que la question climatique impose de saisir un nombre important de facteurs relevant des politiques à la fois industrielle, technologique et commerciale, ou encore des questions de sécurité énergétique et alimentaire. Et l’augmentation récente des tensions géopolitiques n’aide pas à clarifier la situation. Dans cet article, après avoir présenté les facteurs structurels soutenant le rapport du pays à la question climatique, nous proposons quelques éléments de prospective permettant un éclairage partiel de l’action chinoise à moyen et long termes.
Les paradoxes de l’engagement de neutralité carbone de la Chine

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