Le 15 février 2023, quatre chercheurs de l’ISCPI (Institut des systèmes complexes de Paris Île-de-France) / CNRS (Centre national de la recherche scientifique) ont publié une étude intitulée Les Nouveaux Fronts du dénialisme et du climato-scepticisme. Ce travail mené par le mathématicien David Chavalarias s’inscrit dans le projet Climatoscope, un Observatoire d’analyse des tweets liés à la problématique du changement climatique.
Chavalarias David, Bouchaud Paul, Chomel Victor et Panahi Maziyar, Les Nouveaux Fronts du dénialisme et du climato-scepticisme. Deux années d’échanges Twitter passées aux macroscopes, Paris : ISCPI / CNRS, 13 février 2023, 36 p. Voir cette publication.

Il s’appuie pour cela sur l’interface de programmation d’application (API) Twitter, une interface qui permet d’extraire gratuitement des données ciblées à des fins de veille sur le réseau social. Pour les chercheurs en sociologie ou en communication, ces données constituent un matériau précieux pour analyser comment se font les tendances et les controverses sur Twitter. En tout, ce sont près de 400 millions de tweets qui ont été analysés entre 2020 et 2022.
L’objectif de l’étude est de dresser le portrait-robot des internautes dits « dénialistes », puis d’en comprendre les motivations et les stratégies. Les chercheurs préfèrent employer le terme de « dénialistes » plutôt que « climato-sceptiques ». Selon eux, les dénialistes ne se contentent pas simplement de questionner les faits établis pour faire avancer la science, mais au contraire de les nier pour la ralentir. L’analyse met en avant une forte bipolarisation du débat mondial sur le changement climatique au sein de Twitter, avec d’un côté la communauté pro-climat et de l’autre la communauté dénialiste. Globalement, cette polarisation s’est intensifiée sur la période 2020-2022 [1], avec une activité de plus en plus accrue des dénialistes, qui représenteraient aujourd’hui près de 30 % des comptes en lien avec le climat dans le monde — 26 % en France.
La France, jusque-là globalement épargnée par le dénialisme en ligne par rapport à d’autres pays comme les États-Unis, connaît depuis l’été 2022 un accroissement de messages à caractère dénialiste. Cette évolution peut notamment s’expliquer par la conjonction de plusieurs phénomènes : la répétition d’événements climatiques extrêmes, la tenue de la COP27 (27e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) à Charm el-Cheikh en Égypte, la période électorale des présidentielles, ainsi que la crise énergétique et géopolitique de la guerre en Ukraine.