Avec cet ouvrage, Alice Canabate pose son regard sur l’écologisation actuelle de la société occidentale qui désigne, selon elle, « les processus par lesquels l’environnement est pris en compte dans les politiques publiques, dans les organisations [et dans] les dynamiques sociales et les actions collectives » (p. 9).
Plus précisément, l’autrice s’intéresse à ce qu’elle a nommé les narrations du pire, c’est-à-dire les imaginaires sociaux qui dessinent un futur relativement sombre eu égard aux dégradations environnementales globales. De prime abord, on s’attend à ce que la question de l’effondrement soit débattue, mais ce n’est pas tant le cas. L’ouvrage ne porte pas exclusivement sur la « collapsologie », mais élargit le spectre à d’autres auteurs et d’autres perspectives. Au fil des chapitres, la lectrice ou le lecteur est amené(e) à découvrir la thèse de nombreux penseurs, ainsi que les diverses thématiques qui traversent les narrations du pire.
L’introduction sert à indiquer que l’objet du livre concerne les discours écologiques qui défendent l’idée de discontinuité, soit l’impossibilité de la perpétuation du système socio-économique capitaliste moderne considéré délétère et pernicieux. Pis encore, ce système, en altérant les conditions d’habitabilité de la Terre, a engagé l’humanité dans une trajectoire catastrophique.
Le chapitre premier, très percutant, porte sur « la bataille des imaginaires ». Alice Canabate explore comment le pire est formulé, comment le postulat de catastrophes en cours ou à venir est structuré en récit. Ce chapitre est certainement le plus intéressant du livre. Les fonctions d’un récit ainsi que ses écue...