Revue

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Le grand schisme

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 325, décembre 2006

Jean-Jacques Salomon, dans un ouvrage qui vient de paraître, poursuit les réflexions qu’il a engagées depuis de nombreuses années sur les relations science / société et, en particulier, sur les différents rôles que les scientifiques exercent aujourd’hui, une grande majorité d’entre eux entendant bien se dissocier des répercussions résultant de leurs découvertes ? comme disait J. Robert Oppenheimer, le  » père  » des bombes atomiques qui frappèrent Hiroshima et Nagasaki,  » ne pas confondre l’acteur avec l’instrument « . Futuribles propose ici un extrait de ce nouvel ouvrage intitulé Les Scientifiques. Entre pouvoir et savoir.
Selon lui, les avancées scientifiques ne sont plus systématiquement synonymes de progrès pour l’humanité et il est nécessaire d’en prendre conscience afin de ne pas laisser les scientifiques décider seuls des suites qui pourraient être données à leurs travaux. Après avoir montré la façon parfois subreptice dont certains font entériner leurs découvertes par le corps social ? reconnaissant quelques effets pervers possibles pour mieux occulter les risques majeurs inhérents (selon la  » figure de la vaccine  » chère à Roland Barthes) ?, il prend appui sur les recherches naissantes dans le domaine des nanotechnologies pour montrer que se pose, plus que jamais, la question des limites, celles du possible comme celles du souhaitable.
Dans un univers où l’on peut désormais ? même les scientifiques ? bien plus qu’on ne sait, tout son livre fondé sur l’analyse de cette profession nouvelle et sur les témoignages mêmes des chercheurs qui ont le plus pesé sur l’histoire contemporaine, revient à demander s’il y a encore une place pour une  » science citoyenne  » ou si le courage des  » dissidents  » (tels Sakharov, Einstein…) demeure le seul modèle de résistance aux pressions des politiques et du complexe militaro-industriel.

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