L’analyse des relations internationales porte de plus en plus sur les dynamiques sociales et les enjeux de développement humain. Les conflits et les tensions sont de moins en moins des affaires d’État. Le rôle des sociétés, des communautés locales et religieuses, ou encore des associations s’avère très prégnant dans ce paysage géopolitique contemporain où la globalisation des échanges, l’accentuation des inégalités et l’« apolarité » contribuent à l’impression de désordre. Dans un tel contexte, il peut être facile de s’accrocher à la grille de lecture schématique d’un « choc de civilisations », proposée en 1993 par l’essayiste américain Samuel Huntington [1], et qui s’est fortement popularisée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, notamment vis-à-vis des antagonismes entre un Occident supposé encore dominer le monde et une aire arabo-musulmane perçue comme la caisse de résonance à tous les maux de la planète.
Il faut reconnaître que les points de fixation géostratégiques, depuis, ten...