Bien qu’elle n’en soit qu’aux premiers stades de l’apprentissage automatique, l’intelligence artificielle (IA) s’impose déjà dans un nombre croissant de métiers, faisant craindre un massacre prochain de l’emploi dans les classes moyennes, de la même façon que les ouvriers agricoles et les cols bleus ont été décimés par la mécanisation et l’automatisation. Toute la question est de savoir si le bon vieux mécanisme de déversement, marqueur de la civilisation industrielle, parviendra à répondre à une demande sans précédent de talents, de polyvalence et de créativité. Probablement faudra-t-il mettre en place une politique au long cours de formation de la ressource humaine, si l’on veut éviter de donner raison à cet expert chinois disant à Gaspard Koenig : « Il y a très peu de gens créatifs. Le seul intérêt de l’existence du plus grand nombre est de contribuer au produit intérieur brut. »
Dans 10 ans, dans 100 ans, les IA pratiquant l’apprentissage profond sans supervision humaine pourraient fort bien s’autoprogrammer en toute autonomie et s’attaquer à des champs de connaissance toujours plus étendus. Comme toute nouvelle technologie de rupture, l’IA enflamme les optimistes (Yann Le Cun, Amira Yahyaoui, Mike Wooldridge, Jerry Kaplan…) soucieux d’appliquer au plus vite une IA plus ou moins supervisée, en même temps qu’elle angoisse les pessimistes (Stephen Hawking, Nick Bostrom, Stuart Russel, Max Tegmark…), redoutant qu’une IA forte et laissée à elle-même se mue un jour en superintelligence incontrôlable, qui pourrait...