Les pays d’Europe occidentale, qui avaient enregistré un important relèvement de leur fécondité après la Seconde guerre mondiale (baby-boom), ont vu celle-ci chuter à partir du milieu des années 1960 et parvenir au bout de dix ans nettement en dessous de 2,1 enfants pour une femme, niveau qui est nécessaire de nos jours pour assurer le remplacement des générations. Cette chute s’est produite d’abord, et simultanément, dans l’Europe de l’Ouest et du Nord, une décennie plus tard, mais de façon particulièrement prononcée, en Europe du Sud.
Dans ce contexte général de basse fécondité européenne, spectaculaire fut la hausse de l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) observée en Suède entre 1985 et 1990. S’agissait-il d’un phénomène purement conjoncturel ou de l’amorce d’un revirement de tendance au moins à moyen terme, susceptible de se propager à l’Europe entière ? S’agissait-il encore de l’effet d’une politique familiale particulièrement efficace, pouvant avoir valeur d’exemple pour les autres pays européens ?
Gérard Calot et Jean-Paul Sardon présentent les dernières données disponibles qui font apparaître que la remontée de l’indicateur conjoncturel de 1,6 à 2,1 enfants pour une femme entre 1983 et 1990 a été suivie d’un reflux non moins important et plus rapide encore, puisque l’ICF suédois s’est situé sans doute en deçà de 1,6 en 1996. Ils analysent la manière dont se sont opérées, en termes d’âge de la mère et de rang de naissance, la phase de hausse puis la phase de reflux. Ils examinent le rôle qu’a pu jouer l’adoption de dispositions – concernant essentiellement le congé parental rémunéré – permettant, surtout aux femmes, de mieux concilier vie professionnelle et projets familiaux. Si ce rôle a probablement été déterminant, d’autres facteurs ont dû jouer car les changements de législation concernant le congé parental ne suffisent pas à expliquer la participation de toutes les catégories de femmes à la double fluctuation enregistrée.
La Suède, qui se situait il y a trente ans parmi les pays européens les moins féconds, se distingue peut-être davantage par la stabilité de sa descendance finale au fil des générations que par la variabilité de son indicateur conjoncturel au fil des années d’observation. Alors que la seconde révolution contraceptive a conduit à une diminution de la descendance finale d’environ un enfant pour deux femmes dans la quasi-totalité des pays d’Europe, la descendance finale suédoise a peu varié entre les générations féminines nées en 1930 et celles nées en 1960. Finalement, pour ces dernières, la fécondité suédoise est l’une des moins basses du continent.
Étonnante fécondité suédoise
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 217, fév. 1997
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