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Towards a Green and Digital Future

Key Requirements for Successful Twin Transitions in the European Union

Analyse de rapport

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Après huit mois d’études prospectives, le Joint Research Centre (JRC) de la Commission européenne a sorti un document sur les possibles apports d’un jumelage entre transition écologique et transition numérique en Europe. Sur la base d’une revue de la littérature et de 11 ateliers réunissant plus de 200 participants, le JRC a établi une liste de propositions qui permettraient à l’Europe d’être neutre climatiquement en 2050, en misant sur des combinaisons d’innovations à la fois vertes et technologiques. Le rapport se concentre sur les cinq secteurs identifiés comme les plus polluants : l’agriculture, le bâtiment, l’énergie, les transports et la mobilité, et enfin les industries fortement consommatrices d’énergie. Dix études de cas permettent des illustrations concrètes des résultats du travail. En voici quelques exemples.

Muench Stefan et alii, Towards a Green and Digital Future: Key Requirements for Successful Twin Transitions in the European Union, Luxembourg : Office des publications de l’Union européenne / Joint Research Centre (JRC Science for Policy Report), 2022, 120 p.

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Un premier cas consiste en la mise en place de moyens numériques de suivi de l’environnement dans l’agriculture. Il s’agit de pouvoir collecter des données en temps réel sur l’état de ressources naturelles, de l’humidité d’un champ, d’un stock d’eau, et en les croisant de pouvoir influencer dans les meilleurs délais le cours des choses, avant qu’il ne soit trop tard. Grâce à de l’intelligence artificielle analysant de nombreuses données environnementales simultanément, des alertes pourront être mises en place pour éviter des crises environnementales et permettre plus de résilience sur les territoires agricoles.

Dans le bâtiment, le cas étudié est celui du design intégré. Il s’agit, dès l’amont de la construction d’un nouveau bâtiment, de réutiliser des matériaux de construction déjà présents à proximité sur le territoire, et de les identifier numériquement pour pouvoir les reprendre pour recyclage ou réutilisation au moment de la réhabilitation ou de la reconstruction future du bâtiment. Cela demandera la mise en place de standards et de normes cohérentes, pour bien répertorier les matériaux utilisés lors de la construction et les possibilités de réemploi dans le temps. En traçant l’usage des matériaux numériquement, le secteur du bâtiment pourrait accroître sa capacité à contribuer à plus de circularité.

Dans le domaine de l’énergie, le cas présenté est celui de l’Energy as a Service. Il s’agit d’optimiser la consommation d’énergie en achetant uniquement ce qui est nécessaire, spécifiquement dans des conditions données — par exemple, pour telle température maximum dans le bâtiment, etc. Ces nouveaux business models seraient aussi un moyen de faire entrer de nouveaux acteurs sur le marché, qui se différencieraient via ce nouveau schéma de prestation. Cela pourrait toutefois nécessiter, dans certains pays européens, des changements réglementaires.

Pour ce qui est des transports, l’étude propose l’usage de jumeaux numériques. Cela permettrait, par des études dans des mondes virtuels sur la base de données temps réelles, d’optimiser les flux logistiques, les modes de décision et de réduire les externalités négatives (comme la gêne des citoyens par le bruit, la pollution, etc.).

En conclusion, le rapport souligne que cette vision 2050 va de pair avec une plus grande autonomie stratégique de l’Union européenne. Ainsi, un lien est clairement nécessaire entre cette approche et les travaux en cours du JRC Observatory of Critical Technologies. Le rapport montre combien il faudra aussi envisager une diplomatie du numérique vert, afin que les décisions prises au niveau international sur les standards techniques, les réglementations et les normes sectorielles puissent être harmonisées et cohérentes. Ces innovations ne seront possibles que si l’Europe dispose d’une main-d’œuvre qualifiée sur ces sujets, mais aussi de moyens de gestion des risques qui viendront avec ses innovations technologiques vertes, comme par exemple, les cyber-risques associés.

#Numérique #Prospective #Transition écologique #Union européenne