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Argent liquide : quel avenir ?

La prophétie selon laquelle l’argent liquide serait voué à disparaître ne date pas d’hier et Futuribles s’est déjà saisi à plusieurs reprises de ce sujet. Depuis l’introduction de la carte bleue à la fin des années 1960, sa disparition est présentée comme la conséquence inéluctable de la simplification des moyens de transaction. L’essor d’Internet, l’apparition du smartphone et la généralisation du commerce en ligne favorisent l’émergence de nouveaux services, et acculturent les populations aux échanges monétaires numériques. De manière générale, la multiplication des acteurs sur ce marché entraîne une compétition qui incite fortement à l’innovation. Deux modèles s’entrecroisent.

Le modèle « banque-centré »

Ce modèle correspond au modèle historique des acteurs financiers traditionnels. Le paiement par carte, principalement grâce à un code et depuis quelques années via la technologie sans contact, en sont des exemples. Trois objectifs principaux motivent le développement de ces technologies : diminuer les frais de gestion liés à l’argent liquide, simplifier le parcours client pour s’assurer leur fidélité et, dans ce même esprit, faire face à la concurrence des nouveaux acteurs. Ces stratégies semblent fonctionner puisqu’en 2017, il y avait 14 milliards de cartes de paiement dans le monde, et ce nombre devrait augmenter de 22 % d’ici 2022 [1].

Dans cette lignée, les compagnies britanniques Natwest et Gemalto ont récemment développé une carte avec capteur d’empreintes digitales, ce qui permettrait de supprimer l’actuelle barrière de paiement sans contact, établie à 30 euros [2]. D’autres banques proposent aussi des applications sur smartphone, compatibles avec les terminaux de paiement dans les commerces. Dans ce cas, le téléphone lui-même devient la carte bancaire.

Quelques institutions aimeraient aller plus loin encore. La société britannique Kerv, sous l’égide de Mastercard, propose déjà de payer avec une bague sans contact intégrant les informations bancaires de son propriétaire. La compagnie Visa, elle, travaille à un système autocollant muni de puce, à appliquer à même la peau. Les banques cherchent aussi à simplifier les systèmes de virement bancaire. En 2018, le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE) et Natixis annoncent être précurseurs dans le domaine, en proposant à leurs clients l’Instant Payment [3], un système permettant de transférer de l’argent de compte à compte, en 10 secondes, et sans avoir besoin du traditionnel relevé d’identité bancaire. C’est, néanmoins, une réponse à des solutions de transfert monétaire instantané déjà proposé...