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À propos d'Enron : quand la révolution fait perdre la tête

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 276, juin 2002

Nous consacrons le forum de ce numéro de juin 2002 de la revue Futuribles à la retentissante faillite d’Enron, l’entreprise qui, hier, était sans doute la plus admirée.
Enron incarnait, aux yeux des analystes, une sorte d’idéal qui a longtemps été cité en exemple parce que, disait Gary Hamel, elle était animée d’une intention stratégique, faisait preuve d’innovation permanente, s’avérait capable sans cesse de remettre en cause les règles établies, de se réinventer, de transformer son environnement par une démarche résolument proactive. En bref, Enron symbolisait, semblait-il, l’entreprise d’un nouveau type, celle qui aurait parfaitement intégré la mondialisation, la dématérialisation, la dérégulation, l’innovation, la compétitivité, et généré de gigantesques profits.
Puis, soudain, l’admirable entreprise tourna au cauchemar. Une faillite gigantesque est intervenue durant l’automne 2001, révélant fraudes et pratiques indélicates, compromissions politico-financières et corruption à tous les niveaux.
Patrick Joffre et Pascal Aurégan, après avoir rappelé ce qui fit le succès de l’entreprise, en analysent les faiblesses et concluent en rappelant deux principes essentiels : le premier est que l’entreprise ne peut à ce point s’affranchir de la réalité, au risque de sombrer dans des délires mégalomaniaques ; le second est qu’il ne peut y avoir de marché sans règles et sans institutions coercitives pour les faire respecter.

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