
En 2012, l’Agence américaine du renseignement (la CIA, Central Intelligence Agency) publie son rapport Le Monde en 2030 vu par la CIA [1]. Un exercice régulier qui ne prétend pas décrire avec certitude ce que sera le futur état stratégique de la planète, mais qui propose toutefois d’en dresser les principales lignes de force, les ruptures probables, et de présenter les risques majeurs qui pourraient toucher la planète, à différents niveaux thématiques, et avec une intensité variable selon les territoires. La lecture de ce document ne manque évidemment pas de susciter bon nombre de commentaires et de controverses, ce qui est à la fois inévitable en pareil exercice, et finalement très sain car les modes de représentation en termes de prospective géopolitique varient fortement selon la sensibilité des expertises et les lieux depuis lesquels de telles analyses sont produites.
C’est tout le mérite de Thomas Flichy de La Neuville et de Gregor Mathias, de l’université française Paris IV-Sorbonne, que de venir bousculer certains points critiques de l’analyse de la CIA tout en livrant eux-mêmes un certain nombre de diagnostics en dynamique au sujet des grandes évolutions stratégiques mondiales. L’intérêt de leur travail réside à la fois dans la critiqu...