« Puisque l’homme est vecteur du coronavirus, nous portons en nous la crise, et, également, la possibilité de l’aggraver ou de trouver des réponses pertinentes. » C’est ainsi que le philosophe Laurent Bibard vient de résumer la situation présente lors d’une téléconférence de la chaire Edgar Morin de la complexité qu’il dirige à l’ESSEC. Selon lui, cette crise radicale, faisant se confronter le plus petit, le virus, au très grand, le monde entier, met à mal nos règles de contrôle de la matière et de l’homme. Elle nous appelle à réapprendre à reconnaître et gérer l’incertitude. Au cours du siècle dernier, les scientifiques, de crise en crise, ont compris que le savoir total espéré à la fin du XIXe siècle était illusoire ; il fallait donc prendre en compte l’incertain, ce qui impliquait de réapprendre la modestie. Or, les progrès techniques ont excessivement fasciné non seulement le grand public, mais aussi les milieux économiques et financiers, répandant l’illusion d’une possible maîtrise totale du monde.
BIBARD Laurent, « Qu’y a-t-il de si nouveau dans la crise actuelle du Covid-19 ? », MasterClass ESSEC Business School, chaire Edgar Morin de la complexité, 2 avril 2020.
Ces progrès nous ont aussi livré une puissance inédite, susce...