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Quatre scénarios pour la Terre en 2100

Fin septembre, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a actualisé ses projections pour le climat mondial à l’horizon 2100 : à cette date, les températures pourraient augmenter de 0,3 à 4,8 °C entre la fin du XXe siècle et la fin du XXIe siècle [1]. L’ampleur de cette fourchette, rappelle le magazine New Scientist, s’explique par le fait que l’ampleur du changement climatique dépendra des actions qui seront menées par l’humanité à cet horizon. Pour l’illustrer, il a imaginé quatre scénarios pour l’humanité à l’horizon 2100 en fonction de l’évolution de la concentration en CO2 atmosphérique et de la croissance démographique.

Alors que la population mondiale atteint aujourd’hui 7,1 milliards d’habitants, elle atteint les 9 milliards dans le premier scénario. La concentration en CO2 est par contre stable voire en baisse, à 400 parties par million (ppm), grâce à la généralisation de techniques de captation et de séquestration du CO2 et des énergies renouvelables. Les émissions de CO2 diminuent et la température terrestre se stabilise vers 2050, permettant de freiner la fonte de la banquise et l’acidification des océans. Dans le deuxième scénario, la prise de conscience de la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique ne s’est pas faite suffisamment tôt. Mais la planète a compensé en augmentant son efficacité énergétique, et en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre liées aux énergies fossiles, à la consommation de viande… En 2100, les villes sont plus compactes et plus efficaces sur le plan énergétique. À cette date, la concentration en CO2 atteint 550 ppm (la population est de 8,5 milliards d’habitants), les températures mondiales sont en hausse, mais les conséquences des changements climatiques sont maîtrisées et en baisse.

Dans le troisième scénario, aucun effort n’a été fait pour réduire les émissions de CO2 avant la fin du siècle. La consommation d’énergies fossiles est restée importante et les modes de vie inchangés. Le réchauffement climatique est donc particulièrement rapide et dramatique. Des politiques publiques tardives et insuffisantes sont progressivement mises en place : en 2100, la concentration en CO2 atteint 650 ppm et la population mondiale 9,5 milliards d’habitants ; les températures et le niveau des mers continuent d’augmenter.

Enfin, un dernier scénario, encore plus dramatique, envisage une hausse cumulée de la population, qui atteint 12,5 milliards d’habitants en 2100, et de la concentration en CO2, qui représente 950 ppm à cet horizon. La dépendance envers les énergies fossiles est toujours plus forte, les modes de vie occidentaux sont devenus la norme dans tous les pays. Les manifestations du changement climatique sont de plus en plus préoccupantes pour la biodiversité et l’humanité.

Le magazine Atlantico a invité Christian Gollier, économiste au GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), à réagir à ces quatre scénarios. Selon lui, le premier apparaît comme relativement utopiste compte tenu de l’ampleur des changements qu’il implique ; le deuxième suppose une baisse drastique de l’utilisation des énergies fossiles et donc des investissements massifs dans les énergies alternatives et des évolutions radicales des modes de vie. Le troisième lui semble être le plus probable compte tenu du blocage actuel des négociations internationales, qui aurait des conséquences lourdes et largement imprévisibles. Enfin, le dernier scénario est « repoussoir » et donc jamais envisagé alors qu’il n’est, selon Christian Gollier « pas irréaliste » si rien n’est fait à moyen terme.

Sources : BRAHIC Catherine, « Earth, 2100 AD: Four Futures of Environment and Society », New Scientist, 4 octobre 2013. URL : http://www.newscientist.com/article/mg22029372.700-earth-2100-ad-four-futures-of-environment-and-society.html#.Unebl4W7WUf ; http://www.atlantico.fr/decryptage/quoi-ressemblera-terre-en-2100-christian-gollier-867023.html

#Climat #Population #Scénarios