Depuis l’arrivée de François Hollande à l’Élysée, plusieurs mouvements sociaux importants ont largement fait parler d’eux, comme par exemple la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et l’opposition au mariage pour tous. Surpris par certains caractères de ces mouvements, leur capacité à mobiliser des catégories peu présentes sur la scène sociale, leur dimension spectaculaire, leur utilisation des médias numériques, comme des anciens médias d’ailleurs, nombre d’observateurs ont cru pouvoir parler de nouvelles formes de mobilisation à leur sujet. Qu’en est-il vraiment ? L’analyse des mouvements sociaux, aujourd’hui un pan important de la sociologie et de la science politique, permet de prendre un certain recul et d’étudier ces mouvements sociaux actuels sans tomber dans les excès de l’enthousiasme délirant ou du dénigrement stérile.
Une première remarque concerne les groupes sociaux qui s’expriment à travers ces mouvements. Bien que cela ne constitue par une règle absolue, les mouvements sociaux sont le plus souvent un mode d’expression des groupes dominés, c’est-à-dire ceux qui ne participent pas, ou très indirectement, au pouvoir économique ou politique. C’est le cas, par exemple, des luttes contre les fermetures d’usine ou des mouvements initiés par des catégories sociales mal reconnues, comme le mouvement des infirmières en son temps. Or, ce qui semble ca...