La mondialisation n’est pas un phénomène récent mais, au contraire, un processus séculaire qui a connu différentes vagues, des flux et des reflux [1]. Définie ici comme « l’ensemble des phénomènes, dans tous les domaines de la vie en société, concourant à l’accroissement des interdépendances entre les différents acteurs et situations du monde, et qui en cela tend à construire un système de dimension planétaire », elle concerne évidemment les systèmes alimentaires : l’histoire récente nous a montré comment la stabilité au Maghreb est affectée par l’évolution des cours du blé à Chicago, ou encore comment l’appétence des Européens pour le quinoa s’est traduite par des tensions sur les approvisionnements des marchés traditionnels andins.
Si cette interdépendance des marchés était déjà bien connue, il restait de nombreuses questions sur ses formes et ses impacts : de quoi lancer un beau chantier de prospective. C’est ce à quoi s’est attelé le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt (renommé ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation en 2017), entre fin 2014 et fin 2015, en s’entourant d’un groupe d’experts, économistes, sociol...