Entre 2006 et 2011, la ville italienne de Capannori a réussi à réduire les déchets de ses 43 000 habitants de 57 %. Aujourd’hui, 80 % des déchets ménagers sont recyclés ou compostés, et la ville souhaite aller encore plus loin, pour atteindre l’objectif zero waste. Il s’agit à la fois de supprimer les déchets non valorisés et le gaspillage de ressources sous toutes ses formes. Aujourd’hui, plus de 300 villes en Europe et aux États-Unis ont adopté une démarche similaire. Cet ouvrage, coordonné par Flore Berlingen, présidente de l’association Zero Waste France, explore les motivations et les réalisations de ces villes, et propose des pistes d’action concrète pour atteindre un scénario zero waste en France.

BERLINGEN Flore, « Le scénario Zero Waste. Zéro déchet, zéro gaspillage », 2014, 128 p.
Selon les auteurs, le scénario zero waste est devenu nécessaire pour plusieurs raisons : réduire les pollutions, préserver les ressources naturelles, mais aussi réduire les coûts de gestion des déchets pour les collectivités. En effet, au cours des 20 dernières années, les dépenses totales de gestion des déchets en France ont augmenté de près de 300 %. La ville de Capannori a de son côté économisé deux millions d’euros en réduisant sa production de déchets à la source. En aval, une politique de collecte et de valorisation accrues des déchets peut permettre aux villes de créer de nouvelles activités économiques locales, et donc des emplois.
Atteindre l’objectif zero waste suppose de respecter le principe des « 3R » :
1) réduire les déchets à la source, en repensant la conception des produits pour les rendre plus faciles à réparer, à réutiliser et à recycler ;
2) réutiliser au maximum les biens pour accroître leur durée de vie ;
3) recycler ou composter les matériaux en fin de vie, ce qui suppose de mettre en place des boucles d’économie circulaire plus ou moins locales.
Plusieurs pistes d’action sont proposées pour appliquer ces principes : restaurer la consigne pour les emballages en verre, développer la vente en vrac, le réemploi et la réparation des équipements, etc. Les pratiques visant à louer des biens plutôt qu’à les acheter pourraient aussi être favorisées, que leurs propriétaires soient des particuliers (économie collaborative) ou des professionnels (économie de fonctionnalité).
Pour les matières organiques, c’est le tri à la source qui doit être privilégié, pour permettre le compostage. Actuellement, ces matières représentent jusqu’à un tiers des déchets jetés par les ménages français, mais le manque de tri sélectif complique fortement leur valorisation. Des services de collecte à la source ou de compostage par les ménages eux-mêmes pourraient être encouragés par les collectivités.
Chaque proposition d’action est illustrée d’exemples concrets de villes ou d’entreprises qui les ont mises en place. L’association Zero Waste formule aussi des « plaidoyers » de mesures à prendre à l’échelle nationale pour lutter contre le gaspillage et améliorer la valorisation des déchets.
Ce bref ouvrage a le mérite d’aborder les enjeux liés aux déchets et à leur valorisation de manière positive et enthousiaste. Dommage néanmoins que les obstacles à la réalisation du scénario zero waste ne soient pas abordés : réticences au changement des acteurs économiques et des consommateurs, modèle économique des activités liées au recyclage, etc.