Bien connu est le phénomène dénommé » loi de Moore « , qui s’est traduit depuis trois décennies par un doublement, tous les 18 mois, de la densité des microprocesseurs, c’est-à-dire du nombre de transistors intégrés sur une même puce de silicium.
Les lecteurs de la revue Futuribles se souviennent peut-être, néanmoins, de l’article que nous avons publié en septembre 2002 (n° 278), dans lequel Jean-Paul Colin montrait déjà pourquoi de tels progrès ne sauraient se poursuivre au même rythme indéfiniment. Il y revient ici, en soulignant que cette fantastique miniaturisation des transistors a entraîné des effets très bénéfiques, mais aussi des effets fort pervers.
Il cite ainsi d’autres paramètres qui influencent la performance globale d’un circuit intégré et du système qui l’utilise, comme la puissance dissipée et l’architecture. La puissance dissipée sous forme de chaleur par un microprocesseur double tous les 36 mois ; un tel accroissement est devenu un obstacle majeur. De même, l’architecture des microprocesseurs, dont l’importance croît rapidement avec la complexité, n’a pas fait l’objet de progrès en rapport avec l’augmentation de la complexité des systèmes.
Il est vraisemblable, affirme l’auteur, que ces deux facteurs vont jouer désormais un rôle déterminant dans la poursuite ou non de la loi de Moore. Quasiment certain, au demeurant, qu’Intel, n’ayant pas, en ces matières, fait l’investissement ni acquis la compétence nécessaires, verra sa place remise en cause par de nouveaux acteurs (y compris IBM, des start-ups américaines et des groupes asiatiques) qui, peut-être, joueront à l’avenir un rôle beaucoup plus déterminant.
Informatique : l'après-Moore ? Le progrès des semi-conducteurs en question : le monopole Intel face à des stratégies alternatives
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 294, fév. 2004