Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est probablement, aujourd’hui, l’institution scientifique sur laquelle le monde porte le plus d’attention. Loin de bénéficier d’un statut intouchable d’autorité scientifique, le GIEC a fait l’objet de nombreuses critiques, et a notamment été taxé d’alarmisme et même de catastrophisme. Pourtant, les scénarios les plus inquiétants sont loin d’être les moins probables, si l’on en croit les éléments de son prochain rapport. Ces différents faits, bien connus, mettent en perspective une récente étude entreprise par plusieurs sociologues américains, montrant que c’est plutôt par un excès prudence que les rapports du groupe semblent avoir pêché. Pour ces sociologues, la prudence excessive du GIEC est caractéristique d’un syndrome existant parfois chez les scientifiques et qu’ils désignent par l’expression « erring on the side of least drama » (ESLD) [1].
Les rapports du GIEC sont publiés depuis maintenant plus de 20 ans, ce qui permet de comparer les prévisions faites avec la réalité observée. Plusieurs chercheurs scientifiques ont entrepris cette comparaison sur les principaux indicateurs d’évolution du climat présentés dans les rapports du GIEC. La sous-estimation des risques présentés dans les prévisions apparaît fréquente, et ne semble pas correspondre à l’erreur propre aux travaux scientifiques, dans la mesure où les ...