La Corée du Nord vit sous le joug d’une dictature monstrueuse et son programme nucléaire est une menace pour la paix et la sécurité internationales. À trop se focaliser sur ces deux aspects, on prend le risque de manquer des évolutions sociales discrètes mais non moins décisives. Dans un article publié en octobre 2013 [1], Dong Yong-Sueng, expert au Samsung Economic Research Institute (SERI), revient de ce point de vue sur un développement en cours depuis les années 1990, qui est celui de l’émergence d’une nouvelle classe de marchands, susceptible d’avoir des implications déterminantes sur l’avenir de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).
Le statut de marchand n’a aucune reconnaissance en RPDC où les moyens de production et les circuits de distribution sont officiellement contrôlés par le gouvernement. En vertu de ce principe, aucun individu ne peut théoriquement s’attribuer les bénéfices d’une quelconque activité économique. Le principe a commencé à vaciller dans les circonstances tragiques de la grande famine des années 1990 [2]. La crise alimentaire et l’effondrement du système de distribution publique contraignent la population à développer des stratégies de survie en dehors du cadre réglementé par l’État. Les marchés n...