La Chine consomme presque la moitié de la production mondiale d’antibiotiques. Elle en a consommé 162 000 tonnes en 2013, presque également réparties entre les humains (48 %) et les animaux (52 %). À titre de comparaison, en 2015, selon l’ANSES (Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale), il a été vendu en France 1 300 tonnes d’antibiotiques, dont 60 % (786 tonnes) destinés à la santé humaine et 40 % (514 tonnes) destinés à la santé animale.
La Chine consomme donc 124 fois plus d’antibiotiques que la France pour une population 25 fois plus nombreuse. Cette surconsommation fait peser un risque sanitaire majeur, en augmentant la résistance des bactéries aux antibiotiques, mais également parce que les résidus d’antibiotiques continuent leur vie via les eaux usées, contaminant les rivières et les cultures.
Une étude scientifique s’est penchée sur cette question [1] et révèle que la rivière des Perles contient l’une des plus importantes concentrations de résidus d’antibiotiques par kilomètre carré du pays. La surconsommation d’antibiotiques serait la première cause de cette pollution.
L’étude, réalisée par des chercheurs de l’Institut de géochimie de Guangzhou, s’est concentrée sur 36 des antibiotiques les plus communément administrés, dont l’amoxicilline et le florfénicol. Elle conclut que 92 700 tonnes de ces produits auraient été utilisés en Chine continentale en 2013 et que plus de la moitié (53 800 tonnes) se serait ensuite répandue dans l’environnement via les eaux usées, sous forme d’urine et d’excréments.
Interrogé sur l’impact de ce déversement massif d’antibiotiques dans les rivières de Chine, le professeur Ying Guang-Guo, à l’origine de l’étude, a déclaré au New York Times que malgré le fait que son travail « ne permette pas d’établir un lien direct entre les importantes concentrations d’antibiot...