Le thème de l’intelligence artificielle (IA), apparu dans les années 1950, est longtemps resté chasse gardée d’un petit nombre d’universitaires et d’auteurs de science-fiction. Il a ensuite connu des phases d’enthousiasme et de désillusion, mais repris une vigueur évidente depuis le tournant du siècle, à la faveur de la progression exponentielle de la puissance informatique de calcul, de mémorisation et de communication d’une part, du progrès des systèmes d’imagerie médicale d’autre part.
Les uns voient dans l’algorithmique intelligente la promesse de gains énormes de productivité et de marchés mondiaux en rapide croissance [1]. D’autres y voient un facteur décisif de puissance des nations, comme les présidents Xi Jinping et Vladimir Poutine, qui viennent de lancer des plans ambitieux [2]. A contrario, d’autres redoutent que les robots détruisent massivement l’emploi et, devenus plus intelligents que les hommes, finissent par éradiquer de notre planète l’espèce humaine.
La notoriété de lanceurs d’alerte comme Stephen Hawking, Bill Gates, Steve Wozniak, Noam Chomsky ou Elon Musk, et plus encore, l’ampleur hallucinante des enjeux invitent à réfléchir à cette question de survie [3]. C’est dans ce contexte que le best-seller Superintelligence du Suédois Nick Bostrom, déjà traduit en 19 langues, se présente comme l’une des plus complètes initiations au nouveau monde.
Rappelons que l’auteur est d’abord un philosophe, professeur à l’université d’Oxford. Il est en outre directeur du Future of Humanity Institute (fondé en 2005) et du St...