La dernière décennie n’a pas été tendre avec la futurologie, affirment les auteurs de ce rapport. Les prévisions des banquiers et des assureurs ont été battues en brèche par la crise financière et économique. Nassim Taleb a attiré l’attention sur les fameux black swans (cygnes noirs), ou futurs imprévisibles qui remettent en cause les prédictions, notamment dans le domaine de l’évaluation des risques. Philip Tetlock a montré de façon empirique que les analystes des affaires étrangères ne prévoyaient pas les événements de façon plus sûre que le hasard ou de simples conjectures. Les travaux de Daniel Kahneman décrivent les travers cognitifs qui nous conduisent systématiquement à des erreurs lorsque nous envisageons le futur.
Mais, affirment les auteurs, ces critiques ne valent que si l’on considère que la seule façon de s’intéresser au futur est de le prédire. Ce qui n’est pas le cas. Le rapport distingue et décrit trois formes d’études du futur qui comportent chacune des avantages éprouvés :
1. Les nouvelles formes d’analyse de prévisions fondées sur les analyses de données ont une indéniable capacité de prédiction à court terme. Elles devraient donner lieu à de nombreuses expérimentations pour évaluer leur potentiel.
2. Réfléchir aux scénarios de futurs plausibles peut aider à se protéger de ses fragilités. Les gouvernements et les entreprises ont besoin de capacités en prospective pour affronter les défis globaux et systémiques.
3. L’innovation commence avec une histoire sur l’avenir. Imaginer et partager ses espoirs et ses craintes au sujet de l’avenir est une manière pour chacun d’entre nous de le façonner.
Chacune de ces trois modalités d’étude du futur est décrite brièvement en s’appuyant sur les derniers travaux (anglo-saxons quasi exclusivement) menés dans ces domaines et sur les recherches établies par NESTA elle-même. L’ensemble offre un panorama synthétique de qualité (quoique limité dans son champ géographique) et constitue une invitation à la prospective à laquelle on ne peut que souscrire. La vocation des scénarios prospectifs aurait cependant pu être plus ambitieuse : au-delà leur utilité pour identifier des vulnérabilités, ils peuvent également être utiles à la définition d’une stratégie, les incertitudes n’empêchant pas nécessairement de se fixer un cap.
Source : BLAND Jessica, WESTLAKE Stian, Don’t Stop Thinking About Tomorrow : a Modest Defence of Futurology, Nesta, 2013, 24 p. URL : http://www.nesta.org.uk/publications/assets/features/dont_stop_thinking_about_tomorrow_a_modest_defence_of_futurology