La civilisation de l’île de Pâques constitue un cas d’école pour réfléchir aux processus d’effondrement des sociétés, c’est-à-dire de la « chute radicale du nombre, de l’organisation politique et sociale d’une population sur un large territoire donné ».

Située à 3 680 km des côtes chiliennes, à 4 050 km de Tahiti et à plus de 2 000 km de la terre la plus proche, cette île de 166 km2 offre l’exemple parfait d’un monde fini et fermé sur lui-même, image d’une terre devenue à son tour un polder (Jared Diamond) à l’ère industrielle.
L’interprétation donnée dans Effondrement [1] par Jared Diamond de la disparition de la civilisation pascuane constitue un topos de la réflexion sur la façon dont les civilisations sont, par leur aveuglement, causes de leur disparition : l’île de Pâques est « le meilleur exemple d’une société qui se détruit par la surexploitation de ses propres ressources ». Les causes de cet effondrement survenu à la fin du XVIIe siècle seraient une croissance démographique incontrôlée et surtout le coût environnemental de la construction de moaï, statues géantes à vocation religieuse, symboles d’un pouvoir auquel se seraient cramponnées des élites coupées du reste de la population et emportées dans une course au prestige.
Ainsi « […] le transport des statues des carrières de pierre aux côtes de l...