Le groupe de téléphonie finlandais Nokia a annoncé le 3 septembre dernier qu’il allait céder son activité de téléphones portables au groupe d’informatique américain Microsoft [1]. Si les actionnaires de Nokia ratifient l’accord avec Microsoft, l’Europe aura perdu son ultime champion en téléphonie mobile, après la faillite de Sagem, les retraits d’Alcatel-Lucent et d’Ericsson. Tout cela n’était en rien inéluctable. Nokia, après la brillante conquête, fin 2007, de 40 % du marché mondial des portables, aurait dû devenir l’acteur majeur de l’essor des smartphones. Dans un monde où les mutations techniques se succèdent, remettant chaque fois en cause les positions acquises, les dirigeants de Nokia n’auraient pas dû oublier l’impérieuse obligation d’innover périodiquement pour réinventer son métier. Encore fallait-il qu’ils accordent plus d’attention aux progrès techniques et aux attentes des consommateurs qu’aux données financières du moment. Ils n’auraient alors pas traité par le mépris le lancement du premier iPhone d’Apple en 2007 et considéré durant deux ans encore le phénomène smartphone comme marginal.
Les lunettes des financiers ne voient pas les mutations techniques
Christian Sandström (université de technologie Chalmers, Göteborg) souligne que Nokia s’est plus soucié de...