Nous assistons, explique Jean-François Raux, à une mutation radicale de l’économie qui rend caduques les techniques traditionnelles de management qui, auparavant, consistaient à gérer, dans les meilleures conditions de rentabilité, un portefeuille de produits, alors qu’elles consistent aujourd’hui à gérer un portefeuille de compétences génériques à partir desquelles pourront être mis au point de nouveaux produits.
La concurrence se déroulant autant sur la qualité que sur les prix, l’objectif de l’entreprise doit être de créer de nouvelles valeurs au moindre coût, bref, par une heureuse synergie de ses compétences, d’être à même d’inventer de nouveaux produits reconnus par le marché. Toute la question cependant est de savoir comment y parvenir. Pour Jean-François Raux, il y a deux conditions essentielles : d’une part avoir une vision à long terme de l’objectif à atteindre – une représentation ambitieuse de l’avenir, un projet -, d’autre part savoir mobiliser les compétences de l’entreprise à tous les niveaux de sorte que, tendues vers un même objectif, mais disposant de larges marges de manoeuvre, les équipes puissent trouver la meilleure voie chemin faisant.
« Une ambition ne se réalise plus de manière planifiée comme en avenir certain », écrit l’auteur. Elle se réalise au travers d’un processus permanent d’apprentissage dans l’action qui, lui-même, permet d’acquérir les connaissances nécessaires à la décision concernant le management. Trois facteurs jouent alors un rôle déterminant : le développement de processus de coopération interne et externe à l’entreprise, la répartition de l’intelligence stratégique à tous les niveaux de l’organisation, la substitution de la régulation par les processus à la régulation hiérarchique classique.
En bref, les performances de l’entreprise dépendent de plus en plus de son capital de connaissances, de son aptitude à promouvoir l’apprentissage dans l’action, donc à enrichir ses connaissances et à les mailler judicieusement pour accroître son intelligence, sa créativité.
Management et mutations
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 187, mai 1994
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